La première modification génétique de bactéries intestinales chez une souris vivante ouvre de nouvelles voies thérapeutiques
Notre microbiome : une aide invisible
Le microbiome humain, c'est-à-dire l'ensemble des bactéries vivant chez l'homme, a une grande influence sur notre santé intestinale. En plus de soutenir la digestion, il peut par exemple lutter contre la propagation d'infections dues à des microbes nocifs. Toutefois, si le microbiome est déséquilibré, les conséquences sur la santé peuvent être graves.
Une alternative thérapeutique précise et douce
Les possibilités de traitement actuelles, telles que l'utilisation d'antibiotiques ou la transplantation fécale, ne sont pas très précises : en fin de compte, ce ne sont pas seulement les souches bactériennes potentiellement nocives qui sont remplacées, mais toutes celles présentes dans l'intestin. La nouvelle approche présentée est en revanche plus précise et plus douce, comme l'expliquent les chercheurs dans leur article paru récemment dans la revue spécialisée « Nature » :
« Notre travail montre qu'il est possible de modifier les bactéries directement dans l'intestin, ce qui ouvre une nouvelle voie pour étudier la fonction des gènes bactériens et ouvre la voie au développement de nouvelles thérapies ciblant le microbiome ».
(Brödel et al., 2024 ; Nature ; traduit de l'anglais)
Lutter contre les maladies mondiales avec le « Base Editing » ?
Pour ce faire, l'équipe de recherche a utilisé la technique du « Base Editing », un perfectionnement de la méthode CRISPR/Cas connue sous le nom de « ciseaux génétiques ». Elle permet de modifier de manière ciblée des éléments constitutifs (appelés « nucléotides ») de l'information génétique. La nouvelle technique a montré une grande efficacité chez les souris : dans 93 % des bactéries, un gène de résistance aux antibiotiques a pu être désactivé. Ce succès surprenant recèle par exemple le potentiel de lutter à l'avenir contre les infections par des bactéries multirésistantes dangereuses pour la santé. Un autre exemple d'application possible se situe dans le cadre de la prévention du cancer : on sait en effet que la présence de certaines souches bactériennes dans le microbiome de l'intestin humain est liée à un risque accru de cancer. Grâce à cette nouvelle approche, il pourrait être possible de « dépouiller » génétiquement les bactéries concernées de leurs propriétés cancérigènes.
Des études d'efficacité doivent fournir des éclaircissements sur l'utilité médicale.
Dans ces réflexions, il faut toutefois tenir compte du fait que l'efficacité n'a été prouvée jusqu'à présent que dans des conditions de laboratoire, dans une « éprouvette » et dans le système modèle de la « souris ». Afin d'étudier l'efficacité thérapeutique, les chercheurs prévoient maintenant une étude clinique de phase 1, dans laquelle la méthode sera d'abord testée sur quelques personnes volontaires. L'utilisation de la technique est prometteuse dans la mesure où le processus ne permet pas de modifier le patrimoine génétique humain, étant donné que le « Base Editing » est spécifique à une très petite partie de l'information génétique d'une seule souche bactérienne.