Randall Platt: L’édition géomique ciblée
Randall Platt s’est fait connaître avec la «souris-Cas9», un modèle animal basé sur le système CRISPR-Cas qu’il a lui-même développé. Ce modèle permet aux scientifiques de modifier facilement les gènes dans des organes ou des tissus individuels afin de tirer des conclusions sur leurs fonctions. Et plutôt rapidement. La production de souris knockout ou knockin classiques était coûteuse et longue. «Avec la souris-Cas9, nous accélérons les possibilités de recherche et nous pouvons ainsi gagner un temps précieux pour aider les personnes souffrant de maladies incurables», déclare M. Platt. Plus de 1000 laboratoires dans le monde travaillent déjà avec la souche souris-Cas9.
Randall Platt et son équipe développent sans cesse de nouveaux outils CRISPR, ou améliorent ceux qui existent déjà. Leur dernière invention s’appelle Record-seq: «Nous avons programmé des cellules de façon à ce qu’elles puissent raconter leur biographie. Dans ce but, nous leur donnons pour ainsi dire la possibilité de raconter l’histoire de leur vie», explique M. Platt. La reconstruction de la biographie permet de tirer des conclusions sur le contexte prévalant au moment d’une modification génétique. Le protocole d’application de la technique a été publié dans la revue Nature Protocols au mois de février.
En août 2019, le chercheur a fait la démonstration d’une autre nouvelle méthode dans la revue Nature Methods; celle-ci permet de modifier simultanément 25 sites du génome d’une cellule.
L’équipe a utilisé le CRISPR-Cas12a pour cette technique jusque-là impossible. De nombreuses maladies auparavant incurables sont basées sur des dysfonctionnements de plusieurs gènes en même temps. «Avec notre méthode, nous pouvons pour la première fois modifier spécifiquement des réseaux entiers de gènes en une seule étape», explique M. Platt. Pour les patients pour lesquels toutes les voies thérapeutiques ont été épuisées, c’est plus qu’une simple lueur d’espoir. Les chercheurs réussissaient rarement à corriger simultanément, peut-être trois gènes, ou, dans un seul cas, sept gènes. Les découvertes de Randall Platt et de son équipe contribuent de manière significative à une meilleure compréhension des processus et du comportement des réseaux génétiques.
En décembre 2019, Randall Platt a publié dans la revue Nature son évaluation sur les progrès du Prime Editing, une méthode d’ingénierie génomique encore plus ciblée qui pourrait corriger jusqu’à 89% des changements génétiques connus et associés aux maladies humaines.
Randall Platt a étudié le génie biomédical et la chimie à l’Université de l’Utah à Salt Lake City, Utah. En 2011, il a obtenu un diplôme de recherche en sciences des matériaux à l’Imperial College de Londres. Et en 2016, il a obtenu un doctorat en bio-ingénierie au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Après avoir bénéficié d’une bourse postdoctorale conjointe du MIT, de l’Université de Harvard et du Broad Institute, Randall Platt est depuis 2016 professeur à l’ETH Zürich (Ecole polytechnique fédérale de Zurich). Au début de son activité en Suisse, il comptait, à 29 ans, parmi les plus jeunes professeurs de l’ETH.