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Tobias Kowatsch, professeur de Digital Health Interventions à l'Université de Zurich (UZH), directeur de la School of Medicine à l'Université de Saint-Gall (HSG) et directeur scientifique, Centre for Digital Health Interventions (UZH, HSG & EPF Zurich)

Tobias Kowatsch, professeur de Digital Health Interventions à l'Université de Zurich (UZH), directeur de la School of Medicine à l'Université de Saint-Gall (HSG) et directeur scientifique, Centre for Digital Health Interventions (UZH, HSG & EPF Zurich)

Tobias Kowatsch, professeur de Digital Health Interventions à l'Université de Zurich (UZH), directeur de la School of Medicine à l'Université de Saint-Gall (HSG) et directeur scientifique du Centre for Digital Health Interventions (UZH, HSG & EPF Zurich), et son équipe étudient comment les technologies de la vie quotidienne, par exemple les smartphones, les ordinateurs vestimentaires ou les assistants vocaux, peuvent être utilisées pour soutenir la prévention et la gestion des maladies non transmissibles. Il ne s'agit pas seulement du diabète, de l'hypertension, du cancer ou de l'asthme, mais aussi des maladies psychiques. L'objectif est principalement d'utiliser les technologies de la vie quotidienne à des fins préventives afin d'éviter autant que possible les maladies.

Avec votre équipe, vous avez développé et évalué plusieurs interventions numériques en matière de santé. Quel a été votre plus grand constat jusqu'à présent, notamment en ce qui concerne l'acceptation par les utilisateurs?

Tobias Kowatsch: Les interventions numériques en matière de santé fonctionnent particulièrement bien lorsqu'elles présentent des caractéristiques que les gens connaissent déjà. C'est pourquoi nombre de nos interventions basées sur le smartphone s'orientent vers des applications de messagerie comme WhatsApp qui sont connues de tous et faciles à utiliser. Nous avons également développé MobileCoach (www.mobile-coach.eu), une plateforme flexible qui nous permet de mettre en œuvre très efficacement des études de collecte de données et d'intervention dans la recherche et l'enseignement. Contrairement à WhatsApp, on ne discute pas seulement avec une personne, mais aussi et surtout avec un programme informatique, appelé chatbot. C'est justement lorsque la technologie est perçue comme un « acteur social, c'est-à-dire comme un membre d'une équipe de santé », que cela peut avoir une influence positive sur l'acceptation d'une intervention numérique en matière de santé. Ainsi, les chatbots se présentent souvent comme des "membres de l'équipe", par exemple avec l'intro « Bonjour, je suis Maxime, l'assistante numérique de ton médecin de famille, le Dr. med. Müller ». Si, en outre, notre médecin imaginaire, le Dr Müller, dit au patient que les prochaines étapes du traitement seront prises en charge par l'assistant numérique Maxime, c'est-à-dire que l'intervention numérique en matière de santé est introduite dans le cadre d'une thérapie existante, on obtient d'autant mieux des résultats. Les patients acceptent alors plus facilement que des données soient collectées, car celles-ci sont intégrées dans la thérapie qu'ils connaissent déjà et rendent ainsi les futures consultations plus efficaces, voire en partie - si tout se déroule comme prévu - obsolètes. Les professionnels de la santé ont ainsi potentiellement plus de temps à consacrer aux patients pour lesquels l'assistant numérique Maxime ne fonctionne pas aussi bien.

Pensez-vous que des technologies comme celles-ci joueront à l'avenir un rôle décisif dans le domaine de la santé? Ou plus généralement, quels seront selon vous les principaux développements dans votre domaine de recherche au cours des prochaines années?

Tobias Kowatsch: Actuellement, les chatbots sont basés sur le texte. Mais c'est un problème, en particulier dans une société vieillissante, car les personnes âgées ont souvent du mal à taper du texte sur leur smartphone ou leur tablette. C'est pourquoi je vois l'interaction avec les assistants vocaux comme la prochaine étape. Une autre tendance que l'on observe dans l'espace asiatique est celle des « Friendly Healthcare Robots », qui peuvent avant tout prendre en charge des activités physiquement éprouvantes, notamment dans le domaine des soins. À l'avenir, ces robots pourront également permettre des interactions sociales importantes, par exemple des vidéoconférences avec les membres de la famille, comme nous le savons déjà aujourd'hui avec les smartphones et les tablettes.

En Suisse, de nombreuses personnes sont hésitantes à l'idée de partager leurs données médicales. Comment de telles réticences pourraient-elles être surmontées?

Tobias Kowatsch: Il est important de disposer de directives claires en matière de protection des données et d'une réglementation transparente pour une mise en œuvre efficace des interventions médicales numériques dans le système de santé suisse, y compris la possibilité de les facturer. En Allemagne, il existe une telle procédure transparente pour la prescription et la facturation de ce que l'on appelle les « applications de santé numériques (DIGA) ». Pour figurer sur la liste des DIGA, par exemple, des exigences claires en matière de protection des données doivent être respectées. Il est notamment important que le stockage des données soit toujours effectué dans le pays concerné. En outre, la confiance non seulement de la population, mais aussi des médecins, est très importante. Si les experts médicaux soutiennent une procédure, cela augmente également l'acceptation par la population. En Suisse, nous devrions aller plus loin dans notre réflexion et mettre en place une réglementation pour les interventions numériques dans le domaine de la santé. Celle-ci devrait surtout tenir compte de la relation médecin-patient dans le sens de thérapies hybrides, par exemple avec un cockpit dans lequel les données de santé pertinentes sont utilisées comme soutien thérapeutique par les deux acteurs concernés, le médecin et le patient. Enfin, le patient doit avoir la maitrise des données et toujours donner son accord explicite pour savoir qui peut consulter et, le cas échéant, traiter ses données.

Qu'attendez-vous de la politique en matière de conditions-cadres pour la recherche?

Tobias Kowatsch: En Suisse, la politique fait déjà du bon travail, notamment grâce à l'OFSP, à Promotion Santé Suisse, à E-Health Suisse ainsi qu'aux commissions d'éthique et à Swissmedic. Mais il est en outre nécessaire de disposer d'une infrastructure de recherche transparente pour le développement de produits thérapeutiques numériques, qui réunisse des expertises éthiques, réglementaires, techniques, d'économie de la santé et méthodologiques. Un tel écosystème numérique de « Digital Clinical Trial Platform & Digital Therapeutics Incubator » permettrait de développer des interventions de santé numériques de manière encore plus efficace et de les mettre en œuvre dans le système de santé suisse - et au-delà.

Quels sont les plus grands défis du système de santé pour les prochaines années ? Comment pourraient-ils être résolus par la technologie?

Tobias Kowatsch: Il est certain que le vieillissement de la société est un énorme défi, notamment pour notre système de santé. Une approche peut consister à réduire au maximum la période difficile que connaissent de nombreuses personnes, particulièrement en fin de vie, en raison de maladies ; autrement dit à s'efforcer d'être en bonne santé le plus longtemps possible pour ensuite mourir relativement vite. Si une grande partie des personnes âgées n'a besoin de soins que pendant une courte période, cela peut soulager massivement le système de santé.

La prévention peut apporter une contribution très importante à cet égard. C'est pourquoi elle ne fonctionne généralement pas très bien, car les personnes « qui se sentent en bonne santé » ne voient aucune raison de changer leur mode de vie. Un début serait donc de rendre la prévention mesurable. Malheureusement, nous ne ressentons pas nous-mêmes de nombreux processus dans le corps, par exemple lorsqu'une inflammation se développe. Même si nous ingérons trop d'aliments sucrés ou salés pendant une longue période, des problèmes de santé n'apparaissent pas immédiatement. Mais nous favorisons insidieusement l'apparition de maladies telles que le diabète de type 2 ou l'hypertension. Si nous pouvions donc utiliser ici des interventions de santé numériques pour mesurer à temps les états de santé ou les comportements « vulnérables » et fournir en conséquence un retour d'information en temps réel, ce serait un grand progrès.

Je considère que la politique de santé a également une responsabilité à cet égard : les systèmes d'incitation du système de santé devraient être revus afin d'encourager les mesures préventives et de les facturer. À cet égard, il est judicieux d'impliquer tous les acteurs et de créer des offres de prévention attrayantes pour les personnes de toutes les catégories d'âge.

Même des facteurs d'apparence banale tels que l'amélioration de la qualité du sommeil ou la gestion consciente du stress peuvent améliorer la qualité de vie et, à long terme, exercer une influence massive sur les maladies mentales et physiques. La technologie peut pareillement nous aider, de manière générale, à adopter un mode de vie sain. Nous travaillons également de manière intensive sur ce sujet dans le cadre de nos projets de recherche.

Y a-t-il un dernier aspect que vous aimeriez mentionner?

Tobias Kowatsch: J'ai beaucoup parlé de la santé physique. Mais la pandémie de COVID-19 a également mis l'accent sur l'aspect de la santé mentale. Ces deux domaines sont très importants pour la prévention. Mais à mon avis, il y a un troisième domaine, à savoir la santé sociale. Le thème de la solitude - en particulier chez les personnes âgées - va gagner en importance. Les technologies devraient donc être utilisées non seulement pour nous inciter à faire plus d'exercice ou à pratiquer des exercices de méditation pour réduire le stress, mais aussi pour favoriser les échanges sociaux.

Ender Konukoglu, professeur associé pour le Biomedical Image Computing à l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ)

Janna Hastings, professeur de « Medical Knowledge and Decision Support » (chaire passerelle de l'Université de Zurich et de l'Université de Saint-Gall).

Janna Hastings, professeur de « Medical Knowledge and Decision Support » (chaire passerelle de l'Université de Zurich et de l'Université de Saint-Gall).

Prof. Pedro Beltrao

Prof. Pedro Beltrao, Institut de biologie systémique moléculaire, ETH Zurich

Immunological Memory Provides Long-Term Protection against Coronavirus

Prof. Dr. A. Trkola : Traquer les variantes de virus

Prof. Dr. M. Salathé : Les réseaux sociaux comme source de données

Randall Platt: L’édition géomique ciblée

Holger Moch, Directeur de l’institut d’anatomie pathologique et de pathologie moléculaire, hôpital universitaire de Zurich

Professeure Silvia Arber, Biozentrum de l’Université de Bâle & Institut Friedrich Miescher pour la recherche biomédicale à Bâle

Prof. Dr Jacob Corn, Institute for Molecular Health Sciences, EPF Zurich

Prof. Dr Douglas Hanahan, Laboratory of Translational Oncology, Hanahan Lab

Prof. Andrea Ablasser, Institut d’infectiologie et de santé globale, EPFL

Professeure Federica Sallusto, Institut de recherche en biomédecine, Université de la Suisse italienne, Bellinzone et Institut de microbiologie, EPF Zurich

Professeur Lukas Sommer, Institut d’anatomie, Université de Zurich

Prof. Andreas Plückthun, Institut de biochimie, Université de Zürich

Prof Michele De Palma, Swiss Institute for Experimental Cancer Research (ISREC), Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)

Prof. Niko Beerenwinkel, Department of Biosystems Science and Engineering, EPF Zurich

Prof. Emmanouil T. Dermitzakis, Département de médecine génétique et développement, Faculté de médecine, Université de Genève

Prof. Dr. Paola Picotti, Institut de biologie systémique moléculaire, ETH Zurich

Professeur Wilhelm Gruissem, Institut de biologie moléculaire végétale de l’EPF de Zurich

Prof. Stylianos E. Antonarakis, Faculté de médecine, Université de Genève

Bart Deplancke, laboratoire de biologie systémique et de génétique à l’Institut interfacultaire de bioingérierie, EPF Lausanne

Prof. Nenad Ban, Institut de biologie moléculaire et de biophysique, EPF Zurich

Prof. Vincent Dion, Center for Integrative Genomics, Université de Lausanne

Prof. Dr. Gerald Schwank, Institute for Molecular Health Sciences, EPF Zurich

Prof. Timm Schroeder, D-BSSE, EPF Zurich

Prof. Dr Johan Auwerx, Laboratory of Integrative Systems Physiology LISP, EPFL

Professeur Martin Jinek, Institut de biochimie, Université de Zurich

Prof. Dr. Matthias Lütolf, Institute of Bioengineering, EPFL

Professeure Barbara Rothen-Rutishauser, Institut Adolphe Merkle, Université de Fribourg

Prof. Didier Trono, Laboratory of virology and genetics, EPFL

Dario Neri, Institut des sciences pharmaceutiques, EPFZ (Zurich)

Prof. Dr Michael Hall, département Biozentrum, université de Bâle

Mihaela Zavolan, professeure à Biozentrum, université de Bâle

Le Prof. Dr méd. Adriano Aguzzi, directeur de l’Institut de neuropathologie, Hôpital universitaire de Zurich

Prof. Dr Vassily Hatzimanikatis, Laboratoire de biotechnologie computationnelle des systèmes, EPFL

Prof. Dr. Dr. Hans-Uwe Simon, Institut de Pharmacologie de l’Université de Berne

Prof. Isabelle Mansuy, Faculté de Médecine, Université de Zürich et Département des Sciences et Technologies de la Santé, Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ)

Prof. Dr. Michael Detmar, Institut des sciences pharmaceutiques, Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH)

Prof. Dr. Renato Paro, D-BSSE, Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich et Faculté des sciences, Université de Bâle

Prof. Dr. Ruedi Aebersold, Institut für Molekulare Systembiologie, ETH und Universität Zürich

Effy Vayena, Institut d’éthique biomédicale, Université de Zurich

Prof. Dr. Martin Fussenegger, Department of Biosystems Science and Engineering (D-BSSE), ETH Zurich à Bâle

Prof. Dr. Viola Vogel, D-HEST, laboratoire de mécano-biologie appliquée, ETH Zurich

Prof Dr. Dirk Schübeler, Friedrich Miescher Institute for Biomedical Research, Bâle

Prof. Denis Duboule, Département de Génétique & Evolution, Université de Genève & Institut Suisse de Recherche Expérimentale sur le Cancer, EPFL

Prof. Dr. Julia Vorholt, Département de microbiologie, Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich