Prof. Timm Schroeder, D-BSSE, EPF Zurich

Timm Schroeder et son groupe s’intéressent aux mécanismes moléculaires qui sont à l’origine des décisions sur le destin des cellules souches. Les recherches interdisciplinaires du groupe visent à comprendre le comportement des cellules sanguines et d’autres cellules souches dans les organismes sains et malades afin de développer de nouvelles thérapies dans le domaine de la médecine régénérative. En 2012, la Société internationale d’hématologie expérimentale a décerné le McCullogh and Till Award aux travaux du Prof. Schroeder.

Le corps humain possède des cellules capables de se régénérer et de se réparer tout au long de la vie. Ces cellules sont appelées cellules souches. Les processus cellulaires qui décident de l’itinéraire futur d’une cellule sont toutefois largement inconnus. Des méthodes novatrices permettant de déterminer, d’analyser et d’évaluer les phases précoces de développement des cellules sont par conséquent nécessaires pour mettre en lumière ces processus. «Ce n’est que lorsque nous connaîtrons les processus du développement précoce des cellules souches que nous pourrons exercer une influence afin de soigner des maladies par exemple», déclare Timm Schroeder.

A cette fin, Timm Schroeder et son groupe ont développé de nouvelles méthodes permettant de suivre l’expression de certaines protéines sur une longue période au cours du développement précoce des cellules. Parmi elles figurent des programmes de traitement de données capables de stocker et de traiter de gigantesques volumes d’informations. «Le nouvel outil est considérablement plus précis que les techniques employées jusqu’à présent car il permet de recenser très précisément l’expression de protéines en continu sur une longue période pendant le développement des cellules», explique Timm Schroeder. Les anciennes méthodes étaient trop imprécises pour restituer une perspective exacte du développement précoce. Au mois de juillet de cette année, Timm Schroeder et son équipe ont mis leur logiciel à la disposition de la communauté scientifique.

Les chercheurs ont démontré de manière impressionnante la fonctionnalité de leurs méthodes sur des cellules souches sanguines de souris. En juillet, Timm Schroeder et son groupe ont publié un article dans la revue scientifique Nature qui remet en question le modèle actuel du développement précoce de cellules souches du système hématopoïétique. Jusqu’à présent, les scientifiques ont fait l’hypothèse que le destin cellulaire dépendait de la quantité aléatoire de deux protéines qui s’opposent, la PU.1 et la GATA1. Timm Schroeder et son groupe ont pu invalider cette hypothèse grâce à leurs méthodes. «Nos résultats montrent que PU.1 et GATA1 ne peuvent influencer directement le destin cellulaire. Elles ne font en effet que renforcer la décision prise», commente Timm Schroeder. Cette conclusion est déterminante pour le développement futur de thérapies pouvant être exploitées pour affecter positivement les maladies du système hématopoïétique.

Des cellules souches sont également nécessaires pour de telles thérapies. Actuellement, les cellules sanguines souches sont obtenues la plupart du temps dans le sang périphérique et conservées hors du corps avant d’être restituées ultérieurement au patient. Ces cellules souches ne peuvent toutefois être cultivées que sur une courte période à l’heure actuelle. «Nous avons observé différentes cellules sanguines souches sur une longue période et avons pu démontrer que la dermatopontine, une protéine, joue un rôle décisif dans la survie ou la mort de ces cellules en culture», explique Timm Schroeder. Le travail du groupe de recherche est paru récemment dans la revue Blood. Ces connaissances peuvent désormais contribuer à améliorer l’utilisation de cellules sanguines souches en milieu clinique.

Né en Afrique du Sud en 1970, le Prof. Timm Schroeder a grandi en Allemagne. Il a étudié la biologie à l’Université d’Erlangen et a soutenu une thèse à la GSF à Munich. Après une mission postdoctorale au sein du même institut, T. Schroeder a travaillé de 2002 à 2004 en tant que scientifique indépendant au RIKEN Center for Developmental Biology à Kobé au Japon. Timm Schroeder a ensuite fait des recherches en tant que chef de groupe indépendant avant de rejoindre en 2009 le Helmholtz Zentrum de Munich en qualité de directeur d’un département de recherche. Depuis 2013, le Prof. Timm Schroeder est responsable de l’unité de dynamique cellulaire à l’antenne bâloise du D-BSSE de l’EPF de Zurich.