Prof. Dr Michael Hall, département Biozentrum, université de Bâle

Qu’est-ce qui détermine quand et pendant combien de temps une cellule doit grandir? Le Prof. Dr Michael Hall et son groupe sont des experts dans le domaine de la croissance cellulaire. Ils se sont donné pour objectif de trouver comment la croissance cellulaire et le métabolisme sont régulés en cas de bonne santé ou de maladie. Le Prof. Hall a été récompensé par les prix de recherche internationaux les plus prestigieux pour ses performances novatrices en matière de recherche, qui incluent la découverte d’une molécule clé, la TOR («target of rapamycin»), en 1991.

La liste des récompenses semble infinie: prix Cloëtta en recherches biomédicales (2003); prix Louis-Jantet de médecine (2009), la plus célèbre récompense européenne dans le domaine des sciences médicales; le prix Marcel-Benoist (2012), une des plus hautes distinctions scientifiques en Suisse; le «Breakthrough Prize in Life Sciences» (2014), un prix richement doté pour les recherches dans le domaine des sciences de la vie et de la médecine. Au mois de mars de cette année, ce fut le tour du prix Canada Gairdner, qui récompense des travaux qui contribuent à améliorer significativement la qualité de vie. Et tout a commencé avec la découverte de TOR, la molécule cible de la rapamycine, un produit naturel et un médicament anticancéreux qui réduit l’activité du système immunitaire.

Avant la découverte de TOR, on supposait que les cellules se divisaient automatiquement dès qu’elles atteignaient une certaine taille. «Aujourd’hui, on sait que la croissance et la division cellulaire reposent sur des processus différents», souligne le Prof. Hall. TOR est la protéine de contrôle centrale qui régule la croissance des cellules par différents moyens. TOR peut contrôler des processus anaboliques comme la biosynthèse des protéines, le transport des nutriments ou la transcription et a une influence négative sur des processus cataboliques tels que la mort cellulaire ou la dégradation de l’ARNm. «TOR a aussi une pertinence clinique et peut donc contribuer à la compréhension et au traitement du cancer, des maladies cardiovasculaires ou du diabète», explique le Prof. Hall.

Michael Hall et son groupe utilisent la souris comme organisme modèle pour découvrir de quelle manière certains types de cellules sont modifiés dans le cas d’une maladie liée à un dysfonctionnement de mTOR. En collaboration avec le docteur Markus Heim, le groupe travaille sur un gros projet visant à trouver des signaux qui rendent les cellules cancéreuses insensibles à un traitement. «Les divisions cellulaires incontrôlées peuvent être évitées par un blocage de TOR», dit le Prof. Hall. Cette propriété a mené au développement de médicaments anticancéreux aujourd’hui disponibles sur le marché. «Il s’agit encore d’optimiser l’efficacité de ces traitements en développant des polythérapies avec d’autres produits ou avec de meilleurs inhibiteurs de TOR», estime le Prof. Hall.

En juin de l’année dernière, le Prof. Hall et son groupe ont fait une découverte importante pour la compréhension des tumeurs hépatiques. Ils ont montré qu’une suractivation du complexe de protéines mTORC1 chez les souris menait à une réduction de l’acide aminé glutamine et activait ainsi l’hormone du stress FGF21. Par la suite, il y a eu non seulement un ralentissement du métabolisme hépatique, mais aussi de l’ensemble du métabolisme et une baisse de la température corporelle de la souris. Un tel dysfonctionnement de la régulation du métabolisme favorise le développement d’un cancer. Le traitement des tumeurs glutamino-dépendantes par la rapamycine, qui inhibe la TOR, a pu freiner la croissance de la tumeur. On peut donc supposer qu’il est également possible de combattre une dérive du métabolisme chez l’homme en inhibant le complexe de protéines TORC1.

Le Prof. Michael N. Hall est né en 1953 à Porto Rico et a la double nationalité américaine et suisse. Après son doctorat en 1981 à l’université Harvard, sous la direction du professeur Thomas J. Silhavy, il a poursuivi ses études dans le domaine de la biochimie à l’université de Californie à San Francisco. Il a rejoint le Biozentrum de l’université de Bâle en 1987, où il exerce la fonction de professeur ordinaire de biochimie depuis 1992.