Prof. Dr. Michael Detmar, Institut des sciences pharmaceutiques, Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH)
Tout comme les maladies cardiovasculaires, le cancer compte parmi les maladies à issue fatale les plus répandues. En cas de développement de métastases (quand le cancer se propage), les chances de guérison des patients sont particulièrement minces. C’est pour cela qu’il est décisif de détecter une tumeur le plus rapidement possible et d’être capable d’identifier à quel point celle-ci s’est déjà propagée. Le Prof. Detmar et son équipe de recherche ont considérablement contribué à mieux comprendre le processus métastatique. Ils ont également développé une méthode d’imagerie servant à dépister la propagation d’une tumeur à un stade précoce.
Les vaisseaux lymphatiques ont pour but d’évacuer la lymphe (l’eau contenue dans les tissus) des tissus. Les ganglions lymphatiques servent pour cela de filtre. «Lors de la propagation des tumeurs, les vaisseaux lymphatiques jouent un rôle décisif», explique le Prof. Michael Detmar. Ce à quoi, il ajoute: «Si des métastases s’implantent ne serait-ce qu’une fois au niveau de ganglions lymphatiques, les cellules cancéreuses ont alors la possibilité de se propager dans tout le corps.» Les métastases peuvent également bloquer le flux lymphatique menant aux ganglions et doivent alors se frayer un nouveau chemin à travers le tissu. Cela peut être faussement interprété et mener au manquement de la détection de métastases chez les patients. Grâce à une nouvelle méthode d’imagerie, nommée «Near Infrared Imaging», le groupe du Prof. Detmar a pu, pour la première fois, visualiser de manière détaillée les vaisseaux lymphatiques et ainsi mettre en évidence les chemins bloqués. Cette avancée, faite sur un modèle murin, doit encore être confirmée par le biais d’études cliniques. «Si cette méthode est agréée, elle devrait considérablement améliorer le diagnostic», souligne le Prof. Detmar.
En plus du diagnostic précoce des tumeurs, on cherche également à contrecarrer la dissémination de celles-ci. Une manière de le faire consiste en la répression du développement de métastases par le biais de médicaments. Au cours d’une étude systématique effectuée par le Prof. Detmar et son équipe en 2012, plus de 1000 substances chimiques ont été testées pour leur capacité à inhiber la croissance des vaisseaux lymphatiques. Ils sont ainsi tombés sur une classe de substances bien connues, les statines. Ces substances sont actuellement utilisées pour le traitement des maladies cardiovasculaires. Des premières études confirment l’inhibition de la croissance des vaisseaux lymphatiques par les statines.
En plus de la recherche contre le cancer, le groupe du Prof. Detmar s’intéresse également à l’analyse de maladies inflammatoires cutanées chroniques, comme par exemple le psoriasis. Environ 2% de la population souffre de psoriasis. Jusqu’à présent, seuls les symptômes peuvent être atténués, une guérison de la maladie reste encore impossible. «Nous avons démontré, dans un modèle de souris, qu’une inhibition de la protéine VEGF-A (qui a pour rôle la stimulation de la division des cellules endothéliales) peut atténuer la réaction inflammatoire», explique le Prof. Detmar. Grâce à cette découverte, il est désormais possible de développer des médicaments capables d’inactiver cette protéine dans les zones cutanées atteintes, cela afin d’aider de manière durable les personnes touchées par la maladie. Le groupe du Prof. Detmar teste en ce moment si d’autres maladies inflammatoires cutanées pourraient également bénéficier d’une inhibition de la protéine VEGF-A.
Le Prof. Michael Detmar est né en 1957 à Stuttgart et a étudié la médecine à l’université de Freiburg et à l’université de Vienne. Il s’est ensuite spécialisé dans la dermatologie. De 1993-2006, il a été professeur assistant puis professeur associé à l’Harvard Medical School de Boston. Depuis 2004, il est professeur ordinaire de pharmaco-génomique à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH).